Le Dâr-al-Islâm (monde arabe) est souvent envisagé comme une entité homogène, de par sa langue et son « Eglise ». Cet espace uni, très vaste, se caractérise toutefois, aussi, par sa diversité : il englobe plusieurs pays et dynasties (souvent rivales), connait des clivages religieux importants (entre sunnites et chiites) et il existe de fortes distinctions entre est et ouest. L’expansion arabe, qui commence avec l’hégire (début de l’ère islamique – 7e s.), ne s’est pas faite au même rythme ni avec la même intensité ; son développement est inégal de part et d’autre de la Méditerranée. Il n’en demeure pas moins que le sujet doit être envisagé selon cet axe : étudier le monde arabe, c’est s’intéresser à un champ de recherche méditerranéen et, ce faisant, aux rapports que celui-ci a entretenus avec le monde latin. Jusqu’au milieu du 10e s., la civilisation arabe connait un véritable âge d’or, s’illustrant en particulier dans le domaine des arts et des sciences, assurant un rayonnement culturel important à des villes comme Bagdad, le Caire, Damas et Ispahan, mais dès cet instant, et ce jusqu’au milieu du 13e s., les relations entre monde arabe et monde latin changent : on assiste à l’expansion d’une chrétienté conquérante, marquée par la Reconquista de la Péninsule ibérique, la conquête normande de la Sicile, la prise de Jérusalem par les croisés et l’occupation d’une partie du Proche-Orient. Il s’agira de comprendre les raisons et les enjeux de ce tournant. Pour résumer l'axe de la problématique autour de laquelle le cours s'articule : étudier le monde arabe, c’est étudier ses rapports avec l’Occident et la façon de se représenter l’altérité ; dans un sens comme dans l’autre. Mais peut-on parler d’un inconnu ? Est-on en présence d’un « choc des civilisations » ou d’un sentiment plus complexe, parfois ambigu, mêlant tout à la fois crainte et attrait de l’exotisme ?