Transnationalisme et diaspora : perspectives d’anthropologie politique 

Le champ des études du transnationalisme a développé de nombreuses problématiques participant à renouveler des concepts centraux de l’anthropologie ainsi que ses méthodes. Il s’agit par exemple de : 1) la reconfiguration identitaire des familles (Cole 2014, Razy et Baby, 2010) et des communautés transnationales (Rouse 2002) à travers les échanges (de biens, de capitaux, de messages…) entre les sociétés d’origine, d’accueil ou encore d’autres ; 2) la reproduction et la contestation de la domination ou de l’hégémonie dans les relations transnationales (Basch, Glick-Schiller et Szanton-Blanc 1994) ; 3) les stratégies socio-économiques et les engagements politiques des migrants dans plusieurs sociétés ainsi que leurs rapports aux Etats sont envisagés sous l’angle de leurs capacités d’agir; 4) l’étude des processus de déterritorialisation des Etats-nations révélant la non congruence entre les niveaux de la nation, de la culture et de l’Etat (Appadurai 1991, Hannerz 1996, Wimmer & Glick-Schiller 2006) ; 5) la question de la non acceptation de la diaspora par la société d’accueil (Safran 1991, Cohen 2008). Dans quelle mesure des pratiques du groupe transnational sont considérées comme des éléments de désordre appelant une solution en termes de politique (sécuritaire, d’intégration…), de rétablissement du pouvoir ou d’un rappel à la norme ou encore aux lois ? 6) Les relations des transmigrants avec les professionnels de l’éducation, de la santé et de l’administration sont révélatrices de logiques de l’Etat. Ce dernier est ainsi appréhendé par ses marges (Fassin 2013) et « par le bas » (Abélès 2008, 2012) ; 7) l’ethnographie multisite implique le décloisonnement des terrains de recherche auparavant délimités localement (Marcus 1995,…).

Nous examinerons ces problématiques à partir d’un corpus varié de recherches ethnographiques et d’une étude personnelle, longitudinale et multisite. Celle-ci porte sur une communauté marchande installée à Madagascar et impliquée au quotidien dans des échanges avec des membres de la communauté à la Réunion, en France, en Angleterre et en Asie du Sud. Les échanges transnationaux, souvent au moyen des TIC, contribuent à la recomposition identitaire et participent à renforcer le contrôle social ou à le limiter. Ainsi, des membres cultivent leurs marges de manœuvre, et mobilisent leurs ressources et leurs capacités d’agir. 

De nombreuses études ethnographiques illustreront ces problématiques, notamment : les Chinois en Asie du Sud-Est et en Europe, les Indiens en Afrique et en Europe, les Malgaches et les Africains et les Turcs en Europe…