Proséminaire :

Les conciles œcuméniques au Moyen Age

Construction de l'Eglise et régulation de la société

(SA 2017)

Ass. dipl. Antony Roch


SA 2017, mardi 13:15-15:00 - salle MIS 2122A

Les conciles œcuméniques sont loin de constituer exclusivement une part de l’histoire de l’Eglise, ils sont également une composante essentielle de l’histoire de nos sociétés. Les conciles médiévaux tiennent une place particulière dans ce processus de construction. Ces événements censés rassembler la totalité des évêques de la « terre habitée », en grec οἰκουμένη, étaient présidés pour les premiers conciles en Orient par l’empereur romain puis byzantin,  puis en Occident par le pape de Rome. Leur caractère universel, comme le note l’historien Yves Chiron, rendait leurs décisions imposables à la totalité de l’Eglise. Moments passionnés de la société et de l’Eglise médiévale, les conciles servaient à la fois d’espace pour régler les crises de la Chrétienté, adopter des mesures doctrinales et disciplinaires, combattre les hérésies, valider ou interdire la création de nouveaux ordres religieux, réformer la société, ou encore renforcer le pouvoir de l’Eglise et de la papauté. Ce proséminaire ciblera les conciles ayant eu lieu entre les VIIIème et XVème siècles. Nous plongerons ainsi dans les sources qui marquèrent onze assemblées conciliaires : Nicée II, Constantinople IV, Latran I, II, III et IV, Lyon I et II, Vienne et pour finir les conciles de Constance et Bâle-Ferrare-Florence-Rome. Seront étudiés à la fois les décrets émis lors de ces événements, mais également des sources extérieures – concordats, bulles pontificales, lettres, ordres royaux, discours, cérémoniaux et actes – qui permettront de saisir l’importance des conciles dans le processus de régulation de la société médiévale, de construction de l’Eglise, mais aussi comme théâtre de conflits de pouvoir. À travers ces sources, il nous sera ainsi donné de restituer une part de l’évolution de la société et de l’Eglise au Moyen Age, tout comme des conciles eux-mêmes, par leur contextes, leurs buts, leur durée, ou encore leur emplacement géographique. Nous observerons, depuis Nicée II et Constantinople IV, derniers conciles œcuméniques convoqués en Orient, un glissement à partir de Latran I à une forme de concile papal convoqué notamment pour affirmer le mouvement de la réforme grégorienne et le renforcement du pouvoir pontifical. Nous nous arrêterons sur la lutte entre l’empereur germanique et le pape à Lyon I, sur les débats et réformes de Lyon II, ou encore sur l’anéantissement des Templiers à Vienne. Finalement, nous aboutirons aux longs conciles de réformes du XVème siècle, antichambres des conciles modernes, et lieux de toutes les batailles au sein d’une Eglise d’Occident en crise.