Quel est le rapport entre la littérature et la philosophe morale ? La littérature permettrait-elle d’éduquer nos vies morales ou fournirait-elle des exemples particulièrement parlants de ce qui est bien ou mal sur lesquels appuyer notre réflexion morale ? Inversement, la philosophie morale peut-elle donner accès aux contenus moraux des œuvres littéraires, voire faire ressortir des jugements et des connaissances morales de ces œuvres ? Les autrices et auteurs des principaux textes qui seront étudiés lors de ce proséminaire suggèrent que cette façon de poser la question du lien entre la littérature et la philosophie morale risque d’en obscurcir ou d’en appauvrir notre compréhension. Martha Nussbaum et Cora Diamond nous invitent, par exemple, à résister l’idée de « moraliser » la littérature et de chercher à en tirer des réponses toutes faites à nos questions pratiques. Plutôt, selon Diamond, la pertinence de l’œuvre littéraire dans nos vies morales porterait sur la façon dont elle contribue à notre expérience et au développement de notre perspective morale. Dans ce sens, la littérature n’informerait pas la réflexion morale avec des arguments ou des jugements moraux, mais y contribuerait en renforçant notre capacité à répondre avec intelligence et compétence à une situation morale. Pour explorer ces suggestions tout au long du semestre nous lirons des textes de philosophes tels que Stanley Cavell, Cora Diamond et Martha Nussbaum.