Le Salon mérite doublement sa majuscule. À la fois lieu et institution, espace identitaire et rite d’initiation, ce « tribunal de l’œil » connaît une histoire mouvementée. Le proséminaire propose une vue d’ensemble de cette manifestation, depuis son essor au XVIIe siècle et jusqu’à sa décadence au début du XXe siècle, en se focalisant sur l’exemple français, plus précisément, parisien. Il s’agit d’explorer le « chronotope du salon » (Mikhaïl Bakhtine) et les « rites d’interaction » (Erving Goffman) qui l’animent. Quelle législation régit le Salon ? Quels endroits pour l’accrochage ? Comment investir politiquement un tel lieu ? Comment sortir du dédale des intrigues, revendications et rivalités qui opposent écoles et manières, artistes officiels et contestataires, mineurs et majeurs, indépendants et refusés ? Il importe surtout de comprendre ce phénomène culturel dans sa réception critique (Hans Robert Jauss). Le foisonnement d’images ne serait total sans l’apport des « vues » perspectives (gravées ou photographiées) qui documentent l’ensemble et sans le corps protéiforme du public souvent moqué par les caricaturistes ; tout un monde comme représentation dans lequel autant les œuvres que les spectateurs qui les scrutent se donnent à voir.