Domenikos Theotokopoulos, dit El Greco, est en raison de l’étrangeté de son parcours l’artiste le plus insaisissable de la Renaissance tardive. Peintre gréco-byzantin à ses débuts, puis d’ascendance vénitienne lors de son séjour italien, il incarnera finalement l’art maniériste le plus radical lors de son installation définitive en Espagne. Or, loin d’être une évidence, cette transformation artistique n’a cessé d’interroger, de surprendre. Comment rassembler sous la même identité des œuvres de styles aussi différents ? Comment comprendre cette métamorphose artistique à une époque où l’opposition entre maniera greca et maniera latina semblait interdire toute porosité entre deux systèmes de la représentation aussi éloignés que celui de l’icône et celui de la storia albertienne ? Ces questions seront affrontées en procédant à des lectures et des analyses de tableaux.