Pour comprendre la religion dans le monde d’aujourd’hui, il faut se garder des visions réductrices. C’est pourquoi on esquissera deux directions de pensée opposées : d’un côté, les approches qui visent à comprendre la religion par le concept de sécularisation, de l’autre, celles qui préfèrent explorer les diverses voies conceptuelles qui permettent de comprendre la « recomposition » de la religion, sous des étiquettes aussi diverses que religion « implicite », « invisible » ou « diffuse ». On présentera d’abord brièvement le côté théorique de cette controverse : théories de la sécularisation d’un côté (Tschannen 1992), qui incluent clairement une composante évolutionniste (Tschannen 2003), théories de la recomposition (Hervieu-Léger 1999) et de la post-sécularité de l’autre (Ferry 2016, Habermas 2008 [2005]). Mais l’accent principal sera mis sur la présentation des données empiriques illustrant la thèse de la sécularisation et ses limites. On présentera d’abord de manière systématique des données récentes qui confortent globalement la thèse de la sécularisation (Bruce 2011). Puis on contrastera la situation américaine (Chaves 2011) avec celle de l’Europe (Davie 2002), en se concentrant en particulier sur les cas de la France (Rémond 1998) et de la Grande-Bretagne (Davie 1994, 2014 [1994], Bruce 1995). On terminera cet exposé des données empiriques par une vision mondialisée et contrastée, montrant à la fois les facteurs qui favorisent la sécularisation et ceux qui la font reculer (Burchardt et al. 2015, Stark 2015, van der Veer 2013, Norris et Inglehart 2004, Berger 1999, Casanova 1994).