Les polythéismes de l’Antiquité représentent un domaine fondamental pour comprendre les faits religieux de notre temps. D’un côté, ils constituent le contexte d’émergence historique des religions pratiquées actuellement ou sont utilisés comme références « ancestrales » dans la construction des nouveaux mouvements spirituels. De l’autre, ils offrent un précieux laboratoire pour définir des concepts de l’histoire des religions, concepts qui se sont figés dans une terminologie, plutôt latine, mais aussi grecque, et qui ont été adaptés – non sans difficultés parfois – aussi pour parler des contextes culturels éloignés. Dans ce cours, nous aborderons quelqu’un de ces concepts fondamentaux dans leur contexte d’émergence en étudiant les pratiques, les mythes et les explications savantes. Nous adopterons un regard historique et anthropologique, qui part de l’observation des documents et qui cherche à construire une grille conceptuelle sur la base des valeurs internes (« emic ») à la culture romaine. L’intérêt de cet exercice sera non seulement de connaître la religion romaine, mais aussi de comprendre les similitudes et les différences entre les acceptions originaires et les actuelles (religio / religion ; superstitio / superstion ; etc.).

La première question dont partira notre enquête concernera le terme même de « religion ». Dans ce contexte polythéiste, qui ne connaît ni dieu créateur, ni dogme, ni révélation, que signifie-t-il précisément religio ? Il s’agit ensuite de comprendre comment cette religio se différencie de la magie et de la superstition. Notre attention se focalisera après sur les mécanismes qui régissent le polythéisme et sur comment s’articulent aux concepts de « fanatisme » et de « tolérance ».  

Dans la deuxième partie du semestre, notre regard se focalisera sur les dieux et les déesses de Rome. Le but consistera d’abord à s’interroger sur qu’est-ce qu’une divinité pour les Romains et sur la distance qui sépare sa nature de celle des humains. Dans ce cadre, nous enrichirons notre regard des outils des études genre. Nous réfléchirons sur le genre dans le monde divin. Est-ce que les dieux et les déesses sont dans le ciel ce que les hommes et les femmes sont sur terre ? Et on se posera pour Rome la fameuse question que Nicole Loraux s’était posée pour la Grèce : qu’est-ce qu’une déesse ? Dans ce contexte, nous analyserons aussi quelques sacrifices spécifiques liés à des déesses de la terre, où le symbolique de la fertilité et la maternité sont associée. Nous étudierons aussi quelques interprétations proposées par les historiens des religions, pour affiner la critique de genre dans le cadre de notre discipline.  

Hebdomadaire, Lundi, 13h15-15h00, Pérolles 90, bâtiment 21, salle G230