L’histoire de l’école en Suisse a longuement été étudiée et donc perçue comme une histoire compartimentée en 26 Sonderfälle cantonaux qui se seraient constitués en vase clos. Or, les recherches récentes, issues des courants de l’histoire transnationale et connectée, ont cherché à se départir du cloisonnage national/cantonal pour se focaliser sur les liens que les sociétés nouent entre elles, sur les articulations et les ensembles qu’elles constituent, mais aussi sur la manière dont ces agencements humains, économiques, sociaux, religieux, éducatifs ou politiques homogénéisent le globe ou résistent au mouvement. 

Ainsi, une histoire de l’éducation pensée pour le XXIesiècle ne peut se passer d’une réflexion sur les processus de mondialisation et de globalisation à l’œuvre sur la planète hier comme aujourd’hui. C’est pourquoi ce cours a pour ambition de rompre avec l’horizon du récit cantonal/national en proposant de reconnecter l’espace pédagogique fribourgeois avec la « chaîne des mondes » et les références étrangères dont il s’est continuellement nourri. Parce qu’une telle histoire ne peut se penser qu’à partir d’un ancrage local, le microcosme fribourgeois sera notre point de départ. Il s’agira d’analyser comment ce canton catholique, marginalisé durant tout le XIXesiècle et une bonne partie du suivant en regard de sa faible industrialisation et pédagogiquement dévalorisé par rapport à ses voisins protestants, s’est progressivement connecté et a pris sa part dans un mouvement de « mondialisation éducationnelle » stimulé dès le milieu du long siècle par les expositions universelles et l’explosion de la presse d’éducation. En d’autres termes, l’objectif de ce cours sera de considérer l’histoire de l’école fribourgeoise tel un carrefour dont il s’agira de reconstituer les connexions, les métissages et les brassages silencieux, comme les résistances et les replis.