Topos de la création artistique, l’Atelier est porteur de multiples discours dont la signification varie au fil du temps. Le proséminaire souhaite aborder ce sujet selon une vision tripartite de l’atelier : en tant que lieu, en tant qu’image et en tant que concept. Il propose une incursion dans les lieux de la création à partir du XVIIe siècle et jusqu’aujourd’hui.

Les Temps modernes consacrent la création artistique comme activité indissociable d’un genius loci dont elle dépend. Lieu physique et espace psychique à la fois, l’atelier forge une identité et légitime un statut. C’est le lieu intime de la quête et/ou de la perte de soi, du génie solitaire auquel tout peut arriver : la célébrité ou la mort. Mais c’est aussi le lieu ouvert fait de rencontres, cénacles, émulations ou rivalités.

Entre continuité et rupture, la période contemporaine élargit le spectre des définitions. L’atelier garde-t-il sa valeur métonymique, une pars pro toto tenant souvent lieu de véritable autoportrait de l’artiste ? Quelles nouvelles revendications accueille-t-il ? Pourquoi et comment se départir d’un tel lieu ? Peut-on envisager les lieux de la création sur le mode scientifique ou technique ? Quels ponts dresser entre espaces de création et espaces d’exposition ? Les lieux de création abritent des mutations radicales qui invitent à questionner la notion même d’activité artistique. Quel espace l’atelier peut-il encore circonscrire dans le monde pluriel du travail (marchandisation, automatisme, sérialité, concurrence, délocalisation) et ses « sirènes » (home-office, co-working spaces, coffice, technomadism, etc.)