L’ensemble des gemmes gravées antiques d’époque romaine impériale est vaste et divers, et la glyptique connaît alors un renouveau important. L’iconographie composite que présente une catégorie particulière d’intailles appelées conventionnellement « magiques » constitue un lieu d’hybridations, ou de croisements culturels, particulièrement révélateur. Cette classe de gemmes est caractérisée par des compositions iconographiques spécifiques associées à des lettres, mots ou formules rédigés en alphabet grec qu’il est souvent encore difficile de décrypter. L’ensemble combine des éléments empruntés à différentes traditions, principalement gréco-romaine et égyptienne.

Il s’agira ici d’analyser comment les mythes et traditions religieuses issus de l’Égypte pharaonique et hellénistique se sont diffusés à l’époque romaine impériale, en suivant leurs adaptations et leurs réinterprétations dans la glyptique dite « magique ». Depuis la Troisième Période Intermédiaire (1077-664 av. J.-C.), et bien plus encore avec l’avènement d’une dynastie macédonienne à Alexandrie qui marque le début de la période hellénistique (336-31 av. J.-C.), l’ancienne religion pharaonique connaît de profondes mutations qui concernent aussi bien les mythes et rituels collectifs que les pratiques privées ou personnelles dont les gemmes se font l’écho. De nouvelles conceptions religieuses s’y manifestent, souvent avec une forte composante médico-magique tournée vers le « soin de soi ». On envisagera alors ces objets comme les témoins d’une culture visuelle et les véhicules de savoirs et de sensibilités religieuses nouvelles diffusées dans l’ensemble du monde romain.