Pendant longtemps, la Guerre civile russe qui a éclaté après les révolutions de 1917 a été considérée comme une lutte pour le pouvoir entre les Rouges et les Blancs. Mais les historiens utilisent depuis l’ouverture des archives de nouvelles nuances de “rouge” et de “blanc”, sans oublier le “vert” des paysans rebelles et les couleurs des différents mouvements nationaux qui ont émergé au cours de cette période. Aujourd'hui, ces temps de troubles ne sont pas seulement compris comme une lutte pour le pouvoir, mais aussi comme une fragmentation infinie de l'espace entre des pouvoirs et des autorités concurrentes, y compris étrangères. Le désintégration de l'État impérial qui s'en est suivie a fait place à la l'émergence de multiples institutions (des États, mais pas seulement) qui ont été créées sur la base de territoires limité, de groupes politiques, sociaux ou ethniques. C'est cette diversité que le cours vise à étudier, en interrogeant les étiquettes (Rouges, Blancs, Verts, Anarchistes, Nationalistes…) et les concepts : Guerre(s) civile(s) (J. Smele), Guerre révolutionnaire, Cycle de violence déclenché par la Révolution et la Contre-révolution, Révolution mondiale. Car cette “expérience formatrice” (Sheila Fitzpatrick) impacta durablement le régime soviétique et ses acteurs mais aussi la société dans son entier, longtemps traumatisée par ces années de privation, d'arbitraire et de violences.