Cours MA: "La tierra es para quien la trabaja". Réflexions sur la révolution mexicaine 1910-1920

Soulèvements paysans pluriels dans un pays en voie de développement économique rapide mais encore mal intégré politiquement, la révolution mexicaine, première grande révolution du XXe siècle, est peu connue en Europe, où elle est souvent réduite à quelques clichés méprisants : sombreros et cartouchières, coups d’état militaires, cactus et cavalcades de bandits mal rasés pour le mainstream des historiens libéraux ; «primitifs de la révolte» (E. Hobsbawn) incapables de penser la révolution pour le courant marxiste orthodoxe. Ce cours propose de présenter les contours généraux de cette révolution meurtrière qui voit «l’irruption violente des masses dans le domaine où se règlent leurs propres destinées», d’en esquisser les grandes étapes avant de s’attarder sur ce qui en constitue le cœur vif : la «Commune» de Morelos. Dans ce petit état du centre du pays dévasté par la guerre civile, les chefs zapatistes vont appliquer la réforme agraire pour laquelle ils se battent depuis 1910 et, dans une situation de quasi-sécession, mettre en place vingt mois durant, de l’été 1914 au printemps 1916,  une expérience de libre association de communes paysannes. L’expérience s’achève dans les déportations et les massacres perpétrés par l’armée fédérale qui, une fois débarrassée de Villa, se retourne contre les chefs zapatistes pour faire triompher la «révolution» carranciste, laquelle, à travers plusieurs soubresauts, finira par donner naissance au Parti national révolutionnaire, devenu en 1946 Parti révolutionnaire intitutionnel.