Pourquoi, vers la fin de sa vie, Titien travaillait-il « plus avec les doigts qu’avec les pinceaux » ? Que voulait dire Bellori en parlant de la furia del pennello de Rubens ? Et qu’en est-il de la mirabile prestezza de Tintoret louée par Ridolfi ? A quoi ressemble une pittura di tocco e di macchia ?  La touche rugueuse de Rembrandt dit-elle quelque chose de plus sur la signification de ses œuvres ? Qu’est-ce qui sépare l’artiste d’un artisan ? Peut-on établir un lien entre vertu et virtuosité ? Que nous apprennent sur l’art de peindre les outils arborés par saint Luc, le saint patron des peintres ?

Pour répondre à ces questions, le (pro)séminaire part du postulat que la pratique artistique ne saurait être dissociée de la technè et que la peinture en tant que « chose mentale » ne peut s’affranchir d’un ressentir et d’un faire. Ce qui nous permet aujourd’hui de reconnaître en un coup d’œil la facture picturale d’une œuvre est, dès la Renaissance, objet d’un discours fondateur autour de l’auctorialité et de la gestualité créatrice. 

Le (pro)séminaire propose de s’arrêter sur quelques-unes des figures majeures de l’art occidental où l’emphase du peindre est la plus manifeste. Le savoir-faire artistique est souvent mis en exergue par le déploiement des instruments de peinture (pinceaux, palette, chevalet) vus comme attributs du métier si ce n’est comme extensions symboliques du corps-même de l’artiste. La lecture de ce type d’images permettra d’approfondir les notions de « touche », de « manière » et implicitement de « style ».