« Le soleil est le meilleur des désinfectants », soutenait jadis Louis
Brandeis. Mais alors que se généralisent les initiatives pour plus de
transparence de la vie publique, ce même impératif est en passe
d’instaurer une société de l’hyper-exposition. Né d’une lutte contre les
agissements opaques de l’Etat, l’impératif s’est désormais
généralisé à la vie intime des sujets. Le cours se propose de retracer
comment, d’un terme optique et esthétique, la transparence s’est
progressivement « moralisée », pour faire office d’horizon absolu des
sociétés démocratiques. Le cours est le second volet d’une séquence
commencée au semestre dernier, mais peut être suivi également de manière
indépendante. Il comparera le paradigme égoscopique (la transparence pour soi) au paradigme panoptique (la
transparence pour d’autres). Traversant les textes canoniques des
Lumières à nos jours, en passant notamment par Kant, Rousseau, Bentham
et Sartre, il s’agira de questionner cette catégorie informant
aujourd’hui tous les discours sur la société en réseau, et qui tend à
nier l’ambiguïté et la pluralité qui caractérise notre condition
moderne.
- Teacher: Emmanuel Alloa