Depuis le début du XXe siècle, diverses interprétations du maniérisme s’opposent. Ce sont tout d’abord les tenants de l’art moderne qui réhabilitent cet art longtemps méprisé, en reconnaissant dans les « extravagances » formelles de Pontormo, Rosso Fiorentino, Spranger ou Greco les manifestations artistiques d’une proto avant-garde anti-naturaliste, libérée du modèle classique. Ce sont ensuite les historiens de l’art conservateurs, voire nationalistes, qui, en n’y voyant que désordre et déraison, en font un symbole de l’inquiétude et de la décadence artistique. Puis, au lendemain de la seconde guerre mondiale, au moment où l’Europe est en pleine reconstruction, le maniérisme est perçu comme un art européen ayant permis aux différentes nations de développer un langage commun par-delà leurs différences. D’autres interprétations vont suivre, reflétant toujours les débats intellectuels et idéologiques de leur temps, tout en mettant l’accent sur une chose : le maniérisme est un art de l’art, un art virtuose, conscient de lui-même. Mais quelles formes prennent ces variations maniéristes ? Et quels sont les enjeux esthétiques, culturels, voire politiques qui en portent l’expansion européenne au cours XVIe siècle ? C’est à ces questions que ce proséminaire tentera de répondre.