Dans le présent catastrophiste de l’action ou de l’information en direct, les ruines aujourd’hui abondent : reportages de guerre ou films hollywoodiens inventent ou mettent en scène les infinies déclinaisons de la fin du monde. Ces représentations qui hantent notre imaginaire, si elles ressemblent peu aux bucoliques vestiges plantés dans un paysage que contemple un berger mélancolique, ne sont pourtant pas indemne d’une approche esthétique voire esthétisante. Cette ambivalence a une histoire, qui remonte à la fin du XVIIIe siècle, quand la ruine, de toile de fond ou d’accessoire pittoresque, commence à s’imposer comme sujet autonome, renvoyant à un passé archaïque à la fois glorieux et révolu, à un destin de déclin. De Diderot et Chateaubriand à Claude Simon ou Pascal Quignard, ce séminaire s’efforcera d’analyser les enjeux et métamorphoses de ces mises en scène de la disparition et de la déréliction.