Paradigme de la routine langagière permettant d’engager la conversation, de briser la glace, l’évocation des aléas météorologiques, des « météores », au sens ancien du terme, désignant tout phénomène atmosphérique (« les choses de l’air »), a cependant une histoire. Longtemps définie par l’interprétation religieuse des états du ciel, elle connaît à l’orée du XIXe siècle (baptisé par Ruskin « siècle des nuages ») une radicale démythification née des premiers développements de la science météorologique. Zone de turbulence épistémologique où apparaît une véritable « météo-sensibilité », qui détermine désormais de nombreux textes littéraires (de Chateaubriand à Proust ou au-delà), et s’accompagne d’une pensée morphologique plus vaste, née de l’observation du chaos cotonneux des corps aériens et des figures évanescentes qui s’y profilent, ou plutôt s’y projettent.