Comme l’écriture, la ville est associée aux origines mêmes de l’histoire. Depuis Sumer, elle fait l’objet d’une construction et d’une reconstruction permanentes, à la fois dans le concret et dans l’imaginaire. Héritière d’une vieille ambivalence entre deux pôles, celui de centre positif, creuset du sens et de l’identité, et celui de foyer de vice ou d’aliénation, la ville moderne est au cœur de nombreux textes poétiques ou narratifs. On examinera cette ambivalence à travers les œuvres les plus emblématiques de ce vaste corpus, depuis la vision de Paris chez Baudelaire (les « tableaux parisiens » dans la deuxième édition des Fleurs du mal, 1861) et Zola (La Curée, 1871) jusqu’aux espaces urbains largement fantasmatiques de Blaise Cendrars (Les Pâques à New York, 1912/1919) et d’Alain Robbe-Grillet (Topologie d’une cité fantôme, 1976).