Au cours du XIXe siècle, les sociétés européennes et nord-américaines sont traversées par des changements importants dans l’organisation sociale liés au développement de nouveaux modes de production industriels. Les villes prennent une ampleur inédite, désormais habitées par une population ouvrière dont la (sur)vie dépend d’emplois aléatoires alors que les anciens réseaux de soutien se sont délités avec ces transformations.

Ce cours analyse cette évolution, ses effets sur les classes laborieuses et les différents projets d’émancipation et de progrès social portés collectivement par les organisations ouvrières. Le plus souvent fondées sur des bases locales, celles-ci cherchent rapidement à internationaliser les mécanismes de solidarité, car elles sont convaincues que les phénomènes qu’elles affrontent et leur résolution s’inscrivent dans une dimension qui dépasse le cadre de la nation, parallèlement en train de s’affirmer. En 1864, la fondation de l’Association Internationale des Travailleurs constitue une première tentative d’instaurer une solidarité internationale entre des organisations ouvrières disséminées dans différentes régions. D’autres étapes marquent le développement des organisations ouvrières et leur regroupement : la création des partis socialistes dans les années 1870 et 1880, la fondation de la IIe internationale qui les réunit, jusqu’à la création de la IIIe Internationale, dite communiste, en 1919, à la suite de la révolution bolchévique en Russie.

Cet enseignement analysera ces processus historiques à travers différentes études de cas en Europe et en Amérique du Nord. Il dressera un panorama général des mobilisations ouvrières à cette époque et montrera les différentes formes qu’elles ont prises au cours du temps, en s’intéressant aux acteurs et aux actrices, ainsi qu’à leur manière de s’organiser.