À côté de l’autorité prééminente de l’empereur, la société romaine d’époque impériale se caractérise, aussi bien au sein de l’État central qu’à l’échelon des communautés locales, par l’existence de groupes privilégiés se distinguant du reste de la population par leur fortune et leur éducation et accaparant le pouvoir. Même si ces groupes, du fait des disparités sociales et économiques entre l’aristocratie sénatoriale et les notables locaux, ne formaient pas un milieu homogène, ils partageaient néanmoins un ensemble de valeurs et de comportements typiques d’une élite. À défaut de constituer, au sens strict, une noblesse de sang à l’instar des aristocraties d’Ancien Régime, leur mise en scène dans l’espace public – par le discours, le comportement ainsi que par le biais de monuments – faisait partie intégrante des stratégies de distanciation et de légitimation visant à affirmer leurs particularités et leur supériorité par rapport au reste du corps social. Ce proséminaire, au moyen de divers dossiers de sources littéraires et épigraphiques provenant essentiellement d’Italie et d’Asie Mineure et datant du Ier et du IIe s. ap. J.-C. (notamment par l’exemple de Pline le Jeune), se propose d’examiner ce en quoi consistait le code de valeurs que les élites sénatoriales et les élites locales revendiquaient pour elles-mêmes, les moyens et stratégies d’autocélébration de ces aristocraties et la fonction sociologique de telles pratiques. Ce parcours d’histoire sociale et culturelle permettra de s’interroger sur ce qui fondait les inégalités sociales dans l’Empire romain.