On appelle Renaissance la période qui, dès 1400, est marquée par une série de tournants dans l’approche à l’oeuvre d’art. Les artistes se donnent des règles dans la construction de l’espace pictural et dans l’étude du monde naturel. Leur pratique se pense désormais comme un projet intellectuel dirigé vers la vérité: en un mot, une science. L’art participerait de plein droit à l’entreprise savante qui présida aux boulversements de l’héliocentrisme et de la cartographie du Nouveau Monde. Les artistes s’associent aussi à la révolution gutenbergienne: désormais l’image s’imprime. Quelle valeur revêtent pour nous aujourd’hui ces mutations médiales et conceptuelles? Que veulent nous dire ces formes neuves qui se pensent paradoxalement comme un retour de l’antiquité, un nouvel archaïsme? Que faut-il penser du triomphalisme qu’on plaque souvent sur cette ère pourtant tourmentée? Si nous avons pleinement hérité de la conception renaissante de l’artiste comme personnalité investigatrice, audacieuse et théoricienne, néanmoins ces oeuvres restent souvent des énigmes qui résistent à notre regard. Nous apprendrons à les lire et à les mettre en question, au fil d’un itinéraire qui nous conduira de l’hyperréalisme des frères van Eyck à celui du Caravage, en passant, entre autres, par le gigantisme sensuel de Michel-Ange et l’étrangeté insaisissable de Jérôme Bosch. Toutes les formes d’expression visuelle, y compris l’architecture, nous intéresseront.
|