Le Christianisme proclame « Dieu père tout-puissant », l’Islâm présente Allah comme « puissant sur toute chose ». De telles affirmations n’ont-elles pas bouleversé le sens que revêt l’idée de possibilité ? Pour Aristote, il est une puissance interne aux choses, normant ce qu’elle devient, et peut devenir. Est alors possible ce qui s’inscrit au sein d’un cours naturel. Mais cette possibilité selon la nature pourrait bien devoir être relativisée si l’on prend en considération non pas ce qui se peut selon cette potentialité naturelle, mais ce que Dieu peut. Dieu ne peut-il ainsi faire qu’une baleine ait la taille d’une crevette, qu’un homme ait plusieurs têtes, ou vole ? Ne peut-il faire que d’un chat naisse un chien, ou qu’un pépin de pomme engendre un oranger ? Et ne pourrait-on aller jusqu’à soutenir, avec Descartes, que Dieu aurait établi que deux plus deux fassent quatre, et qu’il aurait pu faire que cela fasse plutôt cinq ou six ? La toute-puissance semble nous amener à repousser les limites du possible. Il apparaît alors important de s’interroger sur les critères du possible. Tout ce qui est imaginable serait-il possible ? Conjointement à l’attention à la toute-puissance divine, la pensabilité par l’homme semble devoir être convoquée.

Nous envisagerons la manière dont la question a été débattue au Moyen Age, à la fois en terre d’Islâm (dans le kalâm et la falsafa) et chez les Latins, et regarderons quelques prolongements modernes du débat. Les textes étudiés en cours seront disponibles sur le moodle du cours.


Documentation

Pierre Damien, Lettre sur la toute-puissance divine, Paris, Cerf, 1996

Olivier Boulnois (éd.), La Puissance et son ombre. De Pierre Lombard à Luther, Paris, Aubier, 1993.