Nous ne voyons jamais le soleil, mais seulement l’idée du soleil. Lorsqu’il soutient, ainsi, que nous voyons toutes choses en Dieu, Malebranche s’inscrit-il dans une lignée augustinienne ? L’oratorien, par cette thèse, pointe sans doute du doigt l’indigence cognitive de l’homme. Pour Augustin, de même, nous ne sommes pas à nous-mêmes notre propre lumière. Il est en nous un « maître intérieur », qui nous enseigne véritablement, et sans qui nous ne pouvons rien apprendre. Cette idée d’une illumination se retrouve au Moyen Age chez Henri de Gand, cherchant à lutter contre tout scepticisme. Or, une difficulté se pose sans doute : qu’il s’agisse de l’illumination ou de la vision en Dieu, ces modèles théoriques, refusant de faire de l’esprit humain son propre fondement, enracinent la connaissance humaine’ en Dieu ; comment permettent-ils dès lors de rendre compte de la manière dont l’homme accède à un monde, singulier et contingent ? Ce séminaire se focalisera sur ces trois figures, mais pourra aussi revenir sur d’autres auteurs, selon les intérêts des participants. Il s’agira plus particulièrement de nous demander ce que le modèle de l’illumination, ou celui de la vision en Dieu, autorise à penser concernant la connaissance que l’homme a du monde.