Depuis quelques années, le material turn a contribué à l’émergence de nouvelles perspectives pour les sciences humaines et sociales et a donné une nouvelle importance aux expressions matérielles de la culture. Dans la recherche sur les religions, le material turn est également à l’origine d’approches analytiques novatrices, dans la mesure où ce ne sont plus les textes ou les traditions religieuses qui sont au premier plan, mais les configurations spatio-temporelles concrètes. Ce ne sont dès lors pas les textes qui construisent les expressions du religieux, mais les conditions des configurations dans l’espace et le temps qui ont un impact sur la réinterprétation des textes. Avec l’avènement de l’ère numérique, la théorie conventionnelle de la culture matérielle se voit toutefois de plus en plus mise au défi, vu que l’espace numérique supprime la plasticité des expériences vécues. Sur la base d’une approche interdisciplinaire qui combine l’expertise des sciences culturelles, des sciences religieuses et des sciences islamiques, le séminaire se consacre aux enjeux susmentionnés. Il introduit la théorie générale de la culture matérielle et met l’accent sur le contexte de l’islam. Dans la deuxième partie du séminaire, deux thèmes concrets - la prière et la mort - seront abordés afin de montrer les possibilités d’aménagement de la culture matérielle dans des contextes principalement musulmans. Le déplacement de la prière et de la gestion du deuil dans le monde numérique, comme cela s’est produit de manière intensive pendant la pandémie de Covid 19, montre l’évolution accélérée à laquelle les cultures religieuses sont confrontées.