Les historien·nes ne restent pas dans leur tour d’ivoire. De tout temps, leurs travaux ont été utilisés par les acteurs sociaux, princes, politicien·nes, journalistes. Ces productions ont aussi été contestées, complétées, ou concurrencées par d’autres discours sur le passé qui se sont développés au sein de groupes sociaux qui ne se retrouvent pas dans le travail historiographique académique ou qui en ont été marginalisés.

« L’histoire publique » ou « public history » se développe à partir des années 1970 comme sous-discipline qui analyse de manière critique les conditions de production du récit historique, sa diffusion et son déploiement dans l’espace publique et médiatique. En Suisse, de profondes controverses historiques ont suscité d’importantes entreprises d’écriture de l’histoire, à la demande de victimes, des pouvoirs publics ou d’autres groupes sociaux.

L’affaire des « fonds en déshérence » et la création de la Commission fédérale d’experts Suisse-Seconde Guerre mondiale ont marqué un tournant dans le rapport des historien·nes au public. Par la suite, plusieurs thématiques (internements administratifs, place des femmes dans l’histoire de la Suisse, histoire du passé colonial, etc.) ont fait l’objet de contestations et de questionnements sur l’écriture de l’histoire pour qu’elle soit accessible, inclusive ; de nouvelles formes de médiatisation se sont également développées dans le cadre des universités, des musées, des institutions archivistiques ou dans l’espace public.


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Ce séminaire vise dans un premier temps à retracer cette histoire de l’histoire publique en Suisse en revisitant plusieurs projets emblématiques d’histoire publique. Dans un second temps, les étudiant·es seront amené·es à analyser différents supports actuels de l’histoire publique (expositions, podcasts, bandes dessinées, parcours urbains, films, jeux vidéos, etc.). Ils seront enfin amenés à analyser un projet d’histoire publique sous forme d’une capsule sonore.