Écriture et image à la fois, la signature du peintre ne cesse d’interpeler le regardeur depuis le lieu d’où elle se signale. Dès le XIVe siècle, cette marque d’authenticité investit par degrés le cadre puis le champ de la représentation. Déposée, apposée ou collée (cartellino), elle dit, par son emplacement et son mode d’inscription, la porosité des frontières entre réalité et fiction, tout en suturant les deux. Affichée, dissimulée (crypto-signatures, rebus) ou codifiée (monogramme), elle devient la protagoniste d’une instance auctoriale de plus en plus consciente d’elle-même.

Par l’association fréquente d’un patronyme et d’une date, la signature convoque en outre un imaginaire généalogique, spatial (les noms des peintres se rapportent souvent à leur lieu de naissance ou d’exercice) et temporel grâce auquel l’œuvre et son producteur se voient projetés dans une certaine histoire. Ce raffinement autour de l’identité historique de l’auteur n’a de pair que les déclinaisons sémantiques par lesquels le scénario de production de la peinture et sa temporalité sont énoncés (fecit-faciebat, pinxit-pingebat). Toutes ces variations transforment la signature en une sorte d’« autoportrait » donnant à penser, en clé sémiotique, les notions capitales d’art, d’artiste et d’originalité.

Le séminaire suivra la métamorphose de la signature à travers les cas les plus emblématiques (Van Eyck, Mantegna, Dürer, Raphaël, Ribera, etc.) mais aussi les plus légendaires (Apelle, Protogène, Giotto). Il invite à questionner le maillage énonciatif paratextuel et intertextuel en rapport avec l’image, autrement dit, la façon dont la signature s’arroge peut-être le dernier mot sur la peinture en particulier, si ce n’est le peindre en général.