L’Éloge de la Folie est sans conteste l’ouvrage le plus célèbre d’Érasme, et sans doute celui qui a le mieux traversé les siècles (Van Tieghem). On a pu dire que l’Éloge est une sorte de résumé de toute l’œuvre d’Érasme. On y trouve en effet « une série de synecdoques des œuvres majeures, déjà nées ou à naître, d’Érasme » (Fumaroli). Et de fait, l’Éloge contient la substance de toutes les grandes œuvres de celui que l’on a appelé le prince des humanistes ; ainsi, on y lit de nombreux adages, on y retrouve la substance morale et la théâtralité des Colloques, ainsi que le message central du Manuel du soldat chrétien. On y découvre également ses vues sur l’éloquence sacrée, sur l’éducation du prince chrétien, sur l’éducation en général, sur la paix, etc. Enfin, l’Éloge est un extraordinaire résumé de la culture littéraire d’Érasme.

Le personnage unique de cette composition est la Folie, qui commence par se présenter au public et annonce qu’elle va faire son propre éloge. Elle revendique ensuite tous les hommes pour ses sujets, car c’est elle qui gouverne le monde : elle est présente partout et accompagne tous les hommes du matin au soir et du soir au matin. Vient ensuite une longue liste de personnages que fustige la Folie : les amoureux, les soldats, les marchands, les savants, les écrivains, les philosophes, les théologiens, les religieux, les mauvais prédicateurs, les papes, les rois, les princes... tous y passent.

 Certains n’ont vu dans l’Éloge qu’un ouvrage facétieux, satirique, parodique, une harangue se caractérisant par une totale liberté d’expression, à la manière d’une satire de carnaval, avec tout ce que cela signifie de défoulement collectif sûr de son impunité (Baktine) ; d’autres y ont vu un discours en réalité extrêmement sérieux puisqu’il aboutit à une profonde réflexion sur la véritable folie, qui est la folie de la Croix (Screech). 

 

Nous étudierons dans ce séminaire les passages les plus importants de cette œuvre maîtresse d’Érasme, en tentant notamment de répondre aux questions suivantes : À quel genre littéraire cette œuvre appartient-elle ? Comment faut-il l’interpréter ? Quels sont ses rapports avec l’Antiquité ? Dans quel latin est-elle écrite ? Pourquoi est-ce une œuvre phare de ce que l’on appelle l’humanisme ? Quelles réactions a-t-elle suscitées à sa parution ? Quelle est sa postérité ? Pourquoi la qualifie-t-on de classique de la littérature ? Est-elle toujours d’actualité ?

 Quel que soit le sujet choisi par les étudiants pour leur présentation (un extrait de l’œuvre, une thématique particulière), une grande importance sera donnée à la traduction française ou allemande et au commentaire des textes latins. Pour les non-latinistes qui souhaiteraient assister à ce séminaire, il sera possible de travailler sur des textes traduits.

L’évaluation se fera sur la base de la participation active ainsi que des présentations orales et écrites des étudiants.

Le séminaire a pour but de fournir aux étudiants les outils philologiques, littéraires, historiques, etc., nécessaires à l’interprétation des textes humanistes.