Accède-t-on à soi, indépendamment de toute autre connaissance ? Augustin, Avicenne et Descartes l’ont soutenu. Mettre en doute la connaissance sensorielle, qui nous a parfois trompés, ne conduit ainsi pas à un scepticisme généralisé : « si je me trompe, je suis », dit Augustin, ce qui n’est pas sans rappeler Descartes, soutenant : « qu'il me trompe autant qu'il peut, il ne fera pourtant jamais que je ne sois rien tant que je penserai être quelque chose » ; et Avicenne n’est pas non plus loin d’une telle idée, lorsqu’il propose son expérience de « l’homme volant », au corps démembré. Il y aurait ainsi au moins une connaissance dont nous pouvons être certains. Augustin, Avicenne et Descartes ont en commun d’avoir reconnu cette sphère de l’intériorité humaine, qui échappe au doute. Cet accès à soi est-il une connaissance de soi ? Peut-on passer de : je sais que je suis, à : je sais ce que je suis ? Quel est le rapport entre l’âme, qui se découvre ainsi à travers un accès direct, non médiatisé à soi, et le corps ? Quelle conséquence, dès lors, sur la manière de penser ce que c’est qu’être un homme ? S’agit-il ainsi de se découvrir comme un « moi » autarcique, se suffisant a lui-même ? A travers ces questions connexes, nous comparerons les positions de nos trois auteurs, et découvrirons leur spécificité.