Krishma Viswanath, Black and White, 1968. ©artmargins.com

Depuis une dizaine d’années, les historien·ne·s s’intéressent au caractère global, impérial et post-impérial de la guerre froide. Ces recherches montrent que les frontières géopolitiques sont beaucoup plus perméables aux circulations des personnes, des œuvres et des idées que ne l’entendait une historiographie traditionnelle de ce conflit. Ce séminaire poursuit ces réflexions en se focalisant sur les relations entre le « Tiers-monde » et un bloc communiste européen qui soutient officiellement les luttes anticolonialistes. Ce soutien passe par plusieurs canaux – aide militaire, coopération, éducation, culture – formant un espace où se réalisent une « globalisation alternative » (James Mark) entre deux régions situées en périphérie de la modernité occidentale. Plus particulièrement, nous étudierons le monde du cinéma entre le Sud global et le bloc communiste, les trajectoires des réalisateur·trices, les écoles de cinéma (Moscou, Prague, Łódź, Potsdam,…), les festivals (Locarno, Pesaro, Karlovy Vary,…) et les films produits dans ce double espace périphérique. Comment se développent ces cinématographies des Suds à côté ou à l’encontre des cinématographies occidentales ? Quels sont les lieux d’échanges et de légitimation de ce cinéma ? Qui sont ces réalisateur·trices sénégalais, syriens, indonésiens, … ayant étudié à l’Est ? Et surtout, que nous disent ces films de cette période marquée à la fois par la guerre froide et les décolonisations ?