Proposant une réflexion sur la notion de photoreportage, ce cours apportera les éléments d’une histoire de ce genre journalistique, sous-tendue par un questionnement plus général sur le rôle des images dans le monde contemporain. On peut poser par hypothèse que l’âge d’or du photoreportage, soit en gros les années 1920 à 1980, représente une époque où l’image disposait encore d’un poids symbolique fort et où la photographie de presse avait un sens et un rôle à jouer. Nous sommes aujourd’hui dans une société saturée d’images, à tel point que cette saturation a entraîné des surenchères (matérielles, techniques, émotionnelles, …), débouchant sur la perte, partielle peut-être, du fort lien ontologique qui liait photographie et réel. Et pourtant, s’il faut admettre que désormais la fictionnalité (ou faut-il parler de «fake-tionnalité») est partie intégrante du dispositif photographique, la photo n’en continue-t-elle pas moins à nous parler du monde ?

Le cours abordera l'émergence du photoreportage vers 1860, puis ses années glorieuses durant lesquelles il se diversifie en genres — photoreportage de guerre, photoreportage social, photoreportage humaniste, ou encore photoreportage personnel — avant de se diluer dans le «tout-image» de la fin du XXe siècle. Attentifs à la production photographique et à ses vecteurs de diffusion, le cours portera aussi sur les conditions matérielles d'un métier qui peine à s'organiser, même si certains collectifs fameux, comme l'agence Magnum ou l'agence Gamma, connaissent la célébrité.