Citoyens de deux mondes: l’image scientifique et l’image manifeste de l’homme


Les sciences nous enseignent que nous sommes le résultat d’une longue série de procès physiques et chimiques, et que des mutations génétiques casuelles y ont joué un rôle fondamental. Pourtant nous nous concevons comme des êtres libres, rationnels et capables de comprendre l’univers dans ses structures générales. Cette conception est-elle compatible avec l’image de l’être humain qui nous est restituée par les sciences?

Cette question a pris plusieurs formes dans l’histoire de la philosophie : Kant disait que quand nous nous concevons comme membres du monde sensible, nous nous concevons comme des êtres déterminés par les lois de la nature, alors que quand nous nous considérons comme des êtres libres et rationnels, nous nous considérons comme faisant partie d’un monde intelligible qui s’échappe à la détermination causale ; Sellars a tracé une distinction entre l’image scientifique et l’image manifeste de l’homme ; et Nagel a récemment argumenté que l’évolutionnisme actuel n’ explique pas la rationalité.

 Nous examinerons les implications de ces questions pour trois domaines : la logique, l’épistémologie et l’éthique.