Encadrées par la Révolution française et la Révolution russe, les révolutions du XIXe siècle ont longtemps été considérées soit comme des contre-coups atténués de la première, soit comme des signes avant-coureurs de la seconde. En conséquence, ils surtout été interprétés soit, dans une perspective libérale, comme des étapes dans l'affirmation des Etats-nations parlementaires modernes, soit, dans une perspective marxiste, comme des jalons dans le développement du mouvement socialiste et communiste, tel qu'il se déploie au XXe siècle. Mais depuis une trentaine d'années, l'historiographie tente de dépasser cette double perspective déterministe. Elle s'applique d'une part à restituer la grande variété des formes de politisation qui participent de l'incubation révolutionnaire et celles des idéaux politiques exprimés par les acteurs de ces mouvements. D'autre part, elle tend à les dégager de leur cadre national, en soulignant les nombreuses connexions qui les relient les uns aux autres, dans une perspective transnationale. En s'inspirant de ces travaux, le cours se propose de ré-examiner les révolutions du XIXe siècle, des insurrections libérales du début des années 1820 à la Commune, pour en présenter une généalogie renouvelée.