
À l’occasion du centenaire du Manifeste du surréalisme d’André Breton, publié en 1924, de nombreuses expositions internationales ont, l’an dernier, mis à l’honneur le surréalisme, ses différents groupes, ses médiums variés et ses contextes multiples. Ces manifestations ne se sont pas limitées à revisiter l’histoire canonique du mouvement : elles ont aussi cherché à en révéler l’hétérogénéité, la diversité et l’ampleur à l’échelle mondiale.
En revanche, l’aspect politique du surréalisme – en tant que forme de résistance, notamment face à la montée des régimes fascistes et aux conflits en Europe et dans les colonies – a été moins souvent mis en lumière. Une exception notable fut l’exposition Surréalisme + Antifascisme présentée à la Lenbachhaus de Munich. Elle ne se contentait pas de montrer un surréalisme spectaculaire, mythifié, facilement consommable, porté par des figures excentriques telles que Dalí, Magritte, Ernst ou même Breton. Elle plaçait au contraire au cœur de sa démarche la dimension politique du mouvement à l’échelle internationale. L’antifascisme y était envisagé dans un sens élargi, englobant aussi la critique de l’impérialisme, du colonialisme, du capitalisme et du racisme.
Le cours se propose d’analyser comment le surréalisme a opéré à la fois comme forme artistique et comme instrument politique. Les surréalistes ne souhaitaient pas substituer l’activisme politique à l’art : ils concevaient la création artistique comme un moyen d’agir sur la société. Le cours interrogera ainsi la manière dont l’acte poétique peut influer sur le réel, tout en explorant les tensions internes du mouvement, ses affrontements avec les partis politiques et les réponses artistiques aux bouleversements historiques. Nombre de surréalistes ont d’ailleurs poursuivi leur engagement bien au-delà de leur pratique artistique.
La question centrale est donc la suivante : quel lien unit la forme artistique à l’action politique ?
À l’heure où les tendances autoritaires se renforcent un peu partout dans le monde, le projet surréaliste demeure d’une actualité saisissante. La réflexion sur la capacité des formes esthétiques à produire des effets politiques n’a rien perdu de son urgence.
- Enseignant·e: Léa Joy Depestel
- Enseignant·e: Julia Gelshorn
- Enseignant·e: Nicolas Horváth
- Enseignant·e: Elisa Federica Käppeli