07.03.23

Antiquité: avec Louise Detrez, Paris : « Fractures et lacunes : variations vasculaires, de l’Antiquité à nos jours, au Cabinet des médailles »

C’est semble-t-il avec le souci de conjurer la destruction des images consécutive au bris des vases que les Anciens ont raccommodé leurs pots (souvent intentionnellement épargnée par les agrafes, l’image seule semble alors sauvée, puisque l’on peut douter que des contenants ainsi perforés soient demeurés fonctionnels). Une préoccupation comparable animait les Modernes qui, face aux vases brisés et souvent lacunaires issus de fouilles, ont si fréquemment cédé à la tentation de leur rendre l’apparence de l’intégrité, non seulement en complétant forme comme décor, mais aussi en recouvrant partiellement l’original, voire en le trahissant (tel est le cas de l’amphore pointue du Peintre d’Achille). Plus rarement, et avec des préoccupations déontologiques novatrices, l’on s’est au contraire abstenu de toute retouche.

Dans les vitrines d’un musée, de nos jours, les images lacunaires posent un problème délicat : comment concilier mission pédagogique (favoriser la lisibilité des scènes figurées) et déontologie en vigueur (la restauration doit être décelable et refuser l’hypothèse) ? Et que faire face à une restauration vieillissante qui, sans plus satisfaire à ces critères, conserve une dignité patrimoniale ? L’émergence de l’histoire de la restauration comme champ d’étude conduit à traiter avec plus d’égards ces images (de la conservation à la seule documentation, en passant par la dépose) que les « dérestaurations » ont souvent vouées à la destruction.

Voir aussi 

Dans la série de billets de blog sur ces restaurations 

- l'amphore panathénaïque : https://antiquitebnf.hypotheses.org/13396
- le grand skyphos du Peintre de Pantoxéna : https://antiquitebnf.hypotheses.org/14105

- la restauration des amphores d'Amasis et du Peintre d'Achille : 

Exposition du musée Getty: https://www.getty.edu/art/exhibitions/fragment_to_vase/