Depuis des millénaires, la mesure du temps organise les sociétés humaines. Dans la Grèce antique, la clepsydre était utilisée pour mesurer la durée des discours pour veiller à ce que le temps de parole des orateurs soit équitable. La juste répartition du temps était alors considérée comme un élément clé de la justice et de la démocratie. De nos jours, la mesure du temps s'est généralisée et chaque instant de nos vies peut être mesuré : du temps de travail à celui de repos, en passant par le temps passé devant un écran ou le temps consacré à la méditation. La tendance du "quantified self" est un des exemples les plus frappants de cette mesure du quotidien par toutes sortes de capteurs (montre connectée, applications web et mobile).
Alors que beaucoup estiment que nous vivons une période d'accélération, ce cours nous permettra de nous arrêter sur plusieurs ethnographies qui réfléchissent aux multiples manières de percevoir, mesurer et dire le temps dans différentes sociétés. Nous nous pencherons sur les manières de percevoir la course du temps en nous intéressant aux technologies qui rendent possible sa mesure, de l'observation des astres aux montres atomiques. Nous évoquerons aussi comment nous nous projetons dans des temps à venir, notamment par rapport à la catastrophe climatique dont nous peinons parfois à prendre la mesure. Au final, et en suivant les métaphores qui traduisent le temps en espace ("mesurer le temps", "le temps long", "horizon temporel"), ce cours propose de parcourir le temps en questionnant comment les sociétés humaines ont donné du sens à sa course inéluctable.
- Enseignant·e: Sylvain Besençon
- Enseignant·e: Lena Matasci