Le sigle LGBTI recouvre différentes identités « queer » qui remettent en cause la binarité du genre et les logiques univoques de classement. La structure
binaire du genre est intimement liée à la norme de l’hétérosexualité. C’est à
travers les études gaies et lesbienne que, dès les années 1970, cette norme a
fait l’objet de recherche et de débat dans le champ académique. Dès les années
1990, la thématique est reprise et développée dans le cadre des « Queer Studies »,
notamment aux USA. La philosophe Judith Butler a profondément marqué ce débat
avec son œuvre « Gender Trouble » (1990) dont la traduction française a été publiée en 2005 seulement. Pour un historique détaillé, cf. le premier chapitre de Bereni et al. (2012). Au niveau politique,
les militant-e-s gays et lesbiennes ainsi que bisexuel-le-s ont commencé à lutter
contre les discriminations à leur encontre et à revendiquer leur visibilité et
leurs droits à partir des années 1970. Ces mouvements ont remis en cause la
prédominance de la norme hétérosexuelle au quotidien et dans les institutions
juridiques. Dans différents pays, l’ouverture du mariage pour tous répond
aujourd’hui à cette demande de reconnaissance juridique des différentes formes
de vie commune. Le sigle aujourd’hui courant de LGBTI recouvre non
seulement la diversité des sexualités (Lesbian, Gay, Bisexual), mais aussi la diversité de sexe/genre (Trans, Inter). Le terme de transgenre recouvre tout l’éventail des personnes qui s’identifient à un autre sexe/genre que celui assigné à leur naissance ou qui refusent de s’identifier à l’une des deux catégories. Le terme d’intersexuation, de son côté, se rapporte
aux personnes qui ne peuvent être assignées à l’un ou l’autre sexe à la naissance et qui ont, le cas échéant, subi des interventions chirurgicales afin d’éliminer cette ambiguïté. Ces dernières années, autant les personnes transgenres que les personnes
intersexes se sont organisées pour lutter contre un discours médical pathologisant et pour l’autodétermination sexuelle et de genre sur la base des droits humains.
Pour les hautes écoles et
l’enseignement supérieur, ces thématiques peuvent avoir des implications très
directes: 1. Les institutions sont appelées à être inclusives par rapport aux
personnes qui souhaitent changer de catégorie de sexe/genre et donc de nom. Cela
peut toucher autant le personnel de l'institution que le corps estudiantin. Dans le cadre de
leur stratégie de gestion de
la diversité, certaines hautes écoles ont établi des procédures pour permettre
un tel changement de nom. 2. Les
enseignant-e-s, de leur côté, peuvent être amené-e-s à interagir avec des
personnes transgenres ou intersexes ce qui pose notamment la question d’un langage inclusif. Dans le
doute, il vaut mieux demander à la personne concernée par quel pronom elle
souhaite être désignée tout en respectant son droit à la discrétion et la confidentialité. Si un pronom non-binaire au singulier s’est imposé en
anglais (they) et en suédois (hen), ce n’est toutefois pas (encore) le cas en
français (cf. langage épicène - ressources).