Le concept Le « genre »
désigne un concept théorique ayant pour objet les rapports sociaux entre femmes
et hommes. Les études genre ont démontré que le genre (féminin ou masculin) devait
être considéré comme une construction culturelle et sociale. Ce caractère
construit paraît évident quand on se rappelle que les représentations du
féminin et du masculin ainsi que les rôles et statuts assignés aux femmes et
aux hommes varient beaucoup selon les cultures – certaines cultures connaissent
d’ailleurs plus de deux sexes. Par ailleurs, la recherche historique le montre,
ces représentations ont également beaucoup évolué au cours des siècles dans la
culture occidentale et elles sont toujours soumises au changement.
Il n’existe donc pas de définition stable du « masculin » ou du « féminin ». À
travers l’attribution à l’une de deux catégories de sexe mutuellement
exclusives et complémentaires (mâle ou femelle), les catégories de genre nous
apparaissent toutefois comme quasiment naturelles. Cela fait partie intégrante
du mode de fonctionnement du système de genre. Cependant, ce sont bien des processus
sociaux de différenciation et de hiérarchisation qui assignent leur place sociale
aux individus en fonction des catégories de sexe. L’analyse et la remise en
cause de ces mécanismes font l’objet des études genre. Cependant, les études genre s’intéressent également aux
différenciations au sein de chacune des catégories, en analysant, par exemple,
différentes formes de masculinité. Cela renvoie d’abord à la diversitéau sein de chaque
groupe. En effet, ni les femmes ni les hommes ne constituent un groupe
homogène. Bien au contraire, la dimension de genre interagit avec d’autres axes
de différenciation sociale, telles que la classe sociale, la race, l’origine culturelle,
l'âge ou encore l'orientation sexuelle. Le concept d’intersectionnalité aborde l’articulation du
genre avec ces autres dimensions d’inégalité sociale. Par ailleurs, le système de catégorisation binaire
lui-même fait l’objet de l’analyse. En effet, l’assignation d'un être humain à l’une de deux
catégories de sexe n’est pas toujours sans équivoque. Les pratiques
médicales correspondantes montrent que le sexe aussi doit être compris comme objet d'un processus de construction sociale. Enfin,
la catégorisation binaire est intimement liée à la norme de l’hétérosexualité.
Faisant suite aux études gaies et lesbiennes, la théorie « Queer » aborde la
diversité des orientations sexuelles et des positions de genre qui remettent
en cause le système binaire du genre. Le sigle anglo-saxon LGBTI fait référence à cette
pluralité de positions qui font aujourd’hui partie de la réalité des sociétés
occidentales. Pour une discussion détaillée du concept de genre, nous renvoyons à l'ouvrage de Bereni
et al. (2012).
Trois angles d’approche Les approches théoriques dans le domaine des Études genre sont multiples et ne peuvent être abordées dans le détail ici. Cependant, l’on peut distinguer trois grands angles d’approche
concernant l’analyse du genre. Le premier angle d’approche touche aux systèmes symboliques des sociétés, notamment à la place accordée au « masculin » et au « féminin » dans les représentations culturelles et les savoirs sociétaux. Le second angle d’approche
appréhende les rapports économiques et sociaux entre les hommes et les femmes dans les différents secteurs de la société et s’intéresse à leur aspect structurel. Enfin, le troisième angle d’approche privilégie une analyse axée sur les interactions
entre les femmes et les hommes au quotidien et s’intéresse aux mécanismes de reproduction des inégalités. Notons toutefois que ces trois niveaux d’analyse sont largement interdépendants. Pour l’analyse des inégalités de genre dans les hautes
écoles, plus particulièrement, les concepts suivants sont pertinents : le concept de ségrégation horizontale désigne la répartition inégale des hommes et des femmes sur les différents secteurs de formation et sur le marché du travail. En revanche, le concept de ségrégation verticale se réfère à la répartition inégale des femmes et des hommes sur les différents échelons hiérarchiques du monde du travail. Ces deux concepts permettent d'analyser la structure des inégalités dans les domaines de la formation et du travail. Par ailleurs, dans une perspective plutôt microsociologique, le concept
du « Doing gender » s’est largement imposé pour analyser la manière dont les rapports entre hommes et femmes se construisent dans les interactions quotidiennes et contribuent
ainsi à reproduire les inégalités au sein d’une organisation.