Épicène se dit d’un mot qui est féminin et masculin, p.ex. adulte, élève. Par extension, le langage épicène et un langage qui représente autant les femmes que les hommes et s’adresse ainsi bien aux unes qu'aux autres. Le masculin générique (ou
« masculin universel ») est supposé faire abstraction du sexe concret et représenter aussi bien les femmes que les hommes. Mais il ressort de différentes études que, de fait, le générique masculin active moins de représentations féminines auprès des
personnes interpellées qu’un générique épicène (Brauer & Landry 2008, Gygax et al. 2008). D’autre part, l’étude de Chatard et al. (2005) sur la féminisation lexicale des professions montre que filles et garçons font davantage confiance
à leur potentiel de réussite dans une profession lorsque cette profession leur est présentée dans les formes grammaticales féminine et masculine plutôt que dans la forme masculine uniquement. Pour se rendre compte des images évoquées par
le langage, il est utile de faire le « test d’inversion ». Par exemple: La Conférence des rectrices Suisses a décidé d’attribuer plus de ressources aux professeures pour l’encadrement des doctorantes.
Enfin, dans son ouvrage sur l’histoire de la langue française, Éliane Viennot (2014) montre que les formes féminines étaient tout-à-fait usuelles dans la langue française du XVe et XVIe siècles et que ce n’est qu’à travers des interventions effectuées par des intellectuels et des institutions dès le XVIIe siècle que le masculin est devenu dominant. (Cf. aussi le compte-rendu de Houdebine-Gravaud 2018)