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Cadre institutionnel / Approche intégrée

Le développement de filières d’études sensibles au genre, et notamment l’intégration de la dimension de genre dans les programmes d’études, dépend aussi d’un cadre institutionnel approprié à cette démarche. Les trois éléments suivants semblent particulièrement importants et témoignent de la volonté de l’institution en la matière.

L’assurance de la qualité de l’enseignement
La qualité de l’enseignement fait aujourd’hui partie des marques d’excellence mises en avant dans le paysage des hautes écoles. Parmi les critères qui définissent un enseignement de qualité, la sensibilité au genre doit être prise en compte et, par conséquent, la dimension de genre intégrée aux procédures d’assurance qualité. À cet effet, il est indispensable de pourvoir se baser sur des statistiques différenciées entre hommes et femmes à tous les niveaux.

La formation des enseignant-e-s
Dans le contexte de filières d’études sensibles au genre, les enseignant-e-s sont appelé-e-s à développer leur propre sensibilité aux questions de genre dans l’enseignement supérieur, et plus particulièrement dans leur domaine de spécialisation. D’une part, les modules de formation continue en didactique universitaire devraient intégrer les aspects de genre et encourager la réflexion des enseignant-e-s à ce propos. D’autre part, l’institution devrait proposer aux enseignant-e-s des possibilités de développer des compétences genre touchant à leur domaine de spécialisation. De telles compétences sont indispensables, notamment en vue de l’intégration transversale de la dimension de genre dans les programmes d’études.

L'accès aux compétences en Études genre
Les hautes écoles sont appelées à assurer et financer l’accès à un réseau interdisciplinaire et interuniversitaire en matière de genre et à en soutenir le développement. Les formes d’institutionnalisation des Études genre varient d’une haute école à l’autre. Certaines universités disposent d’un Centre en Études genre doté d’une ou de plusieurs chaires. D’autres ont mis en place des unités ayant pour mission d’assurer la coordination des enseignements en Études genre dans leur institution ou de développer un réseau de collaboration interfacultaire. Dans d’autres cas encore, des chaires rattachées à un département de sciences sociales ou culturelles ont développé des programmes dans un domaine spécifique des Études genre. En Suisse, le système de mise en réseau de ces diverses offres en Études genre a fait ses preuves.
Il appartient à chaque institution de développer une stratégie visant à l’intégration de la dimension de genre dans les filières d’études et d’assurer les moyens adéquats pour soutenir les facultés dans cette démarche.

Les Centres de compétences en Études genre en Suisse
Universität Basel : http://www.genderstudies.unibas.ch
Universität Bern : http://www.izfg.unibe.ch
Université de Fribourg : http://www.unifr.ch/gender/fr/
Université de Genève : http://www.unige.ch/etudes-genre
IHEID Genève – Gender Centre : https://graduateinstitute.ch/gender
Université de Lausanne : https://www.unil.ch/ceg/home.html
Université de Neuchâtel : http://www2.unine.ch/maps-chaire/page-30314.html
Universität St. Gallen : http://www.genderportal.unisg.ch
Universität Zürich : http://www.genderstudies.uzh.ch

Le réseau des Études genre en Suisse :
https://www.gendercampus.ch/fr/hautes-ecoles/institutions/liste-des-institutions/reseau-etudes-genre-suisse/


Communiquer en tant qu’enseignant-e / Approche explicite

En utilisant le langage épicène dans votre enseignement, vous pratiquez vous-même une communication sensible au genre (cf. Communiquer en tant qu’enseignant-e – approche implicite). En adoptant une approche explicite vous allez plus loin, car vous incitez vos étudiant-e-s à adopter un mode de communication sensible au genre.

Le langage
Vous leur expliquez donc que le langage ne fait pas que refléter la réalité sociale, mais qu’il contribue également à la construire. Ensuite, vous signalez à vos étudiant-e-s que l’usage du langage épicène est souhaité dans vos enseignements. Vous les familiarisez avec quelques principes du langage épicène et vous leur indiquez des ressources complémentaires. Ce faisant, vous favorisez le développement de compétences «genre» chez vos étudiant-e-s. Enfin, vous avez la possibilité d'exiger l’usage du langage épicène dans les travaux écrits et en situation d’examen et, ainsi, de faire intervenir cet élément dans l’appréciation de l’apprentissage de vos étudiant-e-s. Si vous ne savez pas comment sensibiliser vos étudiant-e-s à l’impact du langage, voici une suggestion pour entrer en matière.

Les images
Le recours aux images (communication visuelle) dans votre discipline peut également faire l’objet d’un apprentissage. Les étudiant-e-s apprennent ainsi à analyser l’iconographie de la discipline quant aux rapports de genre et aux stéréotypes implicites. À cet effet, vous pouvez donner la mission à vos étudiant-e-s d’analyser certains supports visuels pertinents (p. ex. la page web de votre faculté). L’objectif d’un tel exercice est de prendre conscience de représentations déséquilibrées, réductrices ou carrément discriminantes et d'apprendre à montrer les femmes autant que les hommes dans des activités et des rôles divers et variés. Voici une proposition pour l’analyse iconographique d’un support visuel.

Sensibiliser à la diversité
Un autre aspect lié à l’approche explicite d’une communication sensible au genre consiste à sensibiliser vos étudiant-e-s à la diversité sociale et culturelle présente dans la société. Vous les incitez à réfléchir à leurs références implicites relatives au milieu d’origine, à l’appartenance culturelle ainsi qu'à l’identité de genre. Ces éléments ne sont pas indépendants les uns des autres: être issu d’un milieu académique ou d’un milieu ouvrier implique des identités de genre différentes, autant pour les hommes que pour les femmes. En sensibilisant vos étudiant-e-s à la diversité de leurs situations sociales, vous contribuez à déconstruire une vision homogène du groupe des femmes ou des hommes et donc à réduire les stéréotypes de genre.

Communiquer en tant qu’enseignant-e / Approche Implicite

La manière dont vous communiquez en tant qu’enseignant-e a un impact important sur vos étudiant-e-s. Pour être motivé-e-s et pour réussir dans leur apprentissage, étudiantes et étudiants doivent se sentir concerné-e-s. Il est donc primordial d’utiliser un langage qui s’adresse autant aux femmes qu’aux hommes.

Le langage
Le langage que vous utilisez ne fait pas que refléter le monde, mais il contribue à le forger. Si vous enseignez dans un domaine à connotation masculine et vous utilisez le masculin générique, il est difficile pour les étudiantes de s’identifier à ce domaine et de se sentir incluses. De même, dans un domaine à connotation féminine, les étudiants auront du mal à se sentir partie prenante, si le langage les exclut. Dans les domaines où soit les hommes soit les femmes sont minoritaires, il importe tout particulièrement que les enseignant-e-s proposent des représentations qui ne reflètent pas simplement la réalité statistique du champ concerné mais soient une incitation au changement.
Pour en savoir plus: Langage épicène

Les images
Les images ont également un impact important dans la communication, impact d’ailleurs souvent implicite. Par exemple, si le maniement de machines ou de systèmes techniques n’est illustré que par des hommes, cela suggère et renforce l’idée que le développement, la production et la maintenance de machines sont des activités « masculines ». En conséquence, il est difficile pour les étudiantes de s’identifier à ces activités et de développer compétences et expertise en la matière. Cela vaut également pour des activités à connotation féminine, comme les soins à la petite enfance. Si les illustrations correspondantes montrent uniquement des femmes, les hommes auront du mal à considérer que les soins aux enfants puissent être une activité adéquate pour eux. Attribuer aux femmes les soins aux enfants et aux hommes les compétences techniques correspond à des attentes stéréotypées très répandues.
Pour en savoir plus: Stéréotypes de genre

Faire voir la diversité
Si vous voulez adopter une communication sensible au genre, il est donc important de représenter les hommes et les femmes dans des rôles et des activités diverses et flexibles. Cela vaut pour les images, les photos et les illustrations que vous utilisez. Cela vaut également pour les exemples auxquels vous avez recours pour concevoir un exercice ou pour illustrer un propos dans votre enseignement. Grâce à cette attitude, vous rendez compte de la diversité des conditions de vie actuelles et vous permettez aussi bien à vos étudiantes qu'à vos étudiants de s’intéresser et de s’identifier aux contenus enseignés. 
Pour en savoir plus: Diversité


Conditions d’études (accès, charge de travail, mobilité) / Approche intégrée

Des conditions d’études sensibles à la dimension de genre visent à garantir l’accès à une filière d’étude à tous et à toutes, et ce indépendamment du fait d’être une femme ou un homme, et indépendamment de l’origine sociale ou du mode de vie.

Conditions d’accès

Dans une perspective de genre, il s’agit de vérifier si les femmes et les hommes ont les mêmes chances de remplir les critères d’admission à une filière d’études. En d’autres termes, certaines conditions d’accès auraient-elles un caractère excluant pour les uns ou pour les autres? C’est le cas quand l’accès à et le succès dans une filière d’études dépendent implicitement de connaissances ou d’expériences préalables liées à une socialisation spécifique aux hommes ou aux femmes (p. ex. une expérience pratique avec des appareils techniques).

Charge de travail

Par ailleurs, le problème de la conciliation des études avec d’autres responsabilités sociales se pose, soit pour les étudiant-e-s qui poursuivent une activité professionnelle pour financer leurs études, soit pour ceux et celles qui ont des responsabilités familiales à assumer. Ni l’origine sociale d’une personne, ni son mode de vie ne devraient constituer un obstacle à l’accès et à la réussite dans une filière d’études.

En général, deux solutions peuvent être envisagées. Celles-ci devraient être adoptées parallèlement afin de favoriser une diversité des projets de vie la plus grande possible parmi les étudiant-e-s. D’une part, le plan d’études prévoit explicitement la possibilité de faire des études à temps partiel et cette option est communiquée en conséquence. D’autre part, au niveau institutionnel, des structures sont mises en place permettant de faire des études à plein temps indépendamment de l’origine sociale et des responsabilités familiales. Une offre suffisante de places de crèche dans les hautes écoles et des possibilités de bourses constituent des moyens adéquats.

Mobilité

Finalement, il s’agit d’éviter que certaines exigences d’une filière d’études, telles qu’un stage ou un échange international, n’exercent un effet potentiellement excluant que ce soit à travers l’expérience spécifique liée à une socialisation masculine ou féminine ou à travers le mode de vie. Si des éléments de ce type sont prévus dans un plan d’études, il est important de proposer une offre de conseil et de soutien correspondante afin de trouver des solutions à d’éventuels problèmes et de faciliter la mobilité.


Conseil aux études et offres de soutien / Approche intégrée

L’aspect de genre devrait également être pris en compte dans les structures prévues pour soutenir les étudiant-e-s dans leur parcours d’études. À moyen terme, celles-ci peuvent contribuer à équilibrer la composition du public d’une filière d’études (cf. ségrégation horizontale).

Conseil aux études
Les conseillères et conseillers aux études sont en contact direct avec les étudiant-e-s et leurs problèmes d’études. Ces personnes devraient être en mesure d’identifier les aspects liés au genre dans les thématiques qui leur sont exposées lors des entretiens avec les étudiant-e-s et, le cas échéant, de les aborder et de les traiter. Par ailleurs, ils et elles devraient être sensibles aux aspects de genre dans les interactions avec les étudiantes et les étudiants. Ceci implique de mener une réflexion sur ses propres représentations et sur le rôle de stéréotypes dans une situation de conseil. Afin d’assurer une réflexion professionnelle de ces questions, les responsables de la filière d’études veilleront à ce que les personnes chargées du conseil aux études puissent suivre un module de formation continue.

Offres de soutien
Jusqu’ici, des mesures de soutien pour le groupe sous-représenté dans les filières marquées par un déséquilibre prononcé entre femmes et hommes ont été développées notamment en faveur des femmes dans les filières d’études dominées par les hommes. Les bonnes pratiques comprennent des offres de mises en réseau pour les étudiantes ainsi que des programmes de mentorat (peer-mentoring ou relation de mentorat entre un-e mentor-e et une mentee). Ces programmes favorisent, d’une part, la motivation des étudiantes et leur rétention dans une filière d’études. D’autre part, les mentees sont accompagnées et soutenues individuellement par une personne expérimentée de leur domaine d’études, autant par rapport à leur parcours d’étudiante qu’en vue du développement de leur carrière professionnelle. Cela contribue à réduire la ségrégation verticale.
Ces dernières années, la sous-représentation des hommes dans certains domaines d’études est de plus en plus discutée, par exemple dans les métiers de la santé, le travail social ou l’enseignement du niveau primaire. À ce jour, des mesures de soutien correspondantes ont été développées pour favoriser les choix d’études atypiques (p. ex. Boys Day).
Il faut toutefois souligner que la problématique des hommes dans des domaines d’études dominés par les femmes n’est pas simplement symétrique à celle des femmes en formation dans des secteurs masculins. En effet, dans les filières féminines, les hommes profitent souvent d’un surplus d’attention et accèdent rapidement à des postes supérieurs.

Offres de soutien : quelques exemples

Réseau romand de mentoring pour femmes :
https://www3.unifr.ch/f-mentoring/fr/
Portail relève académique :
http://www2.unine.ch/releve/portail_releve_academique


Contenus enseignés / Approche explicite

L’intégration de la dimension de genre dans les contenus d’une discipline appelle, de fait, une approche explicite. En abordant explicitement les aspects de genre dans vos enseignements, vous formez vos étudiant-e-s aux questionnements liés au genre ce qui leur permet d’acquérir à leur tour des compétences en la matière. 
La dimension de genre peut être intégrée au niveau des enseignements individuels ; en vue d’une intégration pérenne, une prise en compte est toutefois indispensable au niveau du programme des études également. Appréhender explicitement la dimension de genre dans les contenus enseignés exige des connaissances et des compétences genre de la part de l’enseignant-e (cf. Personne de l’enseignant-e – Approche explicite).
Bien entendu, les points d’ancrage d’une approche genre varient selon les disciplines. Si, à première vue, l’intégration du genre semble être l’apanage des sciences sociales et humaines, une réflexion plus approfondie montre que cette dimension touche à toutes les disciplines. Voici notamment trois aspects que vous pouvez aborder :

1. La dimension de genre dans les contenus de la discipline 
Les études genre ont montré que les questionnements et les résultats scientifiques n’étaient pas neutres en terme de genre. En effet, les choix qui guident le processus de production des savoirs – type de questionnement, cadre théorique, choix méthodologiques, interprétation des résultats – peuvent avoir des implications au niveau du genre, et ceci dans toutes les disciplines. Voici des exemples des questions que vous pouvez poser pour intégrer la dimension de genre dans les contenus de différentes disciplines : Contenus enseignés – intégrer la dimension de genre.
Prendre en compte la dimension de genre dans les contenus d’une discipline est un projet innovant qui génère de nouveaux questionnements et de nouveaux résultats et peut entraîner des transformations au niveau théorique. Vous trouverez ici des ressources pour aller plus loin

2. La dimension de genre dans les pratiques sociales de la discipline 
D’autre part, vous pouvez sensibiliser vos étudiant-e-s à l’impact du genre dans le champ de la discipline même. Certaines disciplines et leurs champs professionnels sont clairement genrés (cf. ségrégation horizontale). Vous pouvez problématiser les images et les stéréotypes de genre liés à votre discipline ainsi que leur impact sur les pratiques professionnelles. D’autre part, la pratique et l’expertise scientifiques sont elles-mêmes dominées par la figure masculine du chercheur. La présence des femmes aux différents niveaux de la hiérarchie disciplinaire ou professionnelle (cf. ségrégation verticale) peut être l’occasion de mener une réflexion sur les normes implicites et les mécanismes de reconnaissance qui régissent les carrières dans la discipline. 

3. La dimension de genre dans l’histoire de la discipline 
Finalement, vous pouvez familiariser vos étudiant-e-s à la dimension de genre dans l’histoire de la discipline ou de la profession, par exemple en abordant les questions suivantes :

  • Quel rôle ont joué les femmes dans l’histoire de la discipline ou de la profession ?
  • Quels sont les mécanismes qui on empêché ou continue à empêcher la parité entre femmes et hommes dans le champ disciplinaire ou professionnel ?
  • Comment le « genre » de la discipline a-t-il varié historiquement ?
  • La discipline a-t-elle les mêmes connotations de genre dans d’autres pays ?

Contenus enseignés / Approche implicite

L’enseignement a pour objectif de permettre aux étudiant-e-s de s’approprier les théories, questionnements et contenus de leur discipline. Comme le montre la psychopédagogie, la motivation et l’intérêt sont des éléments déterminants pour réussir son apprentissage. Dans une perspective genre, il est donc primordial que les étudiantes autant que les étudiants se sentent interpellé-e-s et concerné-e-s par les contenus que vous leur enseignez. 

Faire le lien avec l’expérience des étudiant-e-s
Pour faire le lien avec l’expérience des étudiant-e-s, les contenus enseignés sont en général illustrés par des exemples ou concrétisés en faisant référence à des contextes spécifiques. Les contextes et exemples auxquels vous faites référence peuvent toutefois avoir une connotation spécifique par rapport à la dimension de genre. 
Un exemple : Si vous utilisez systématiquement la moto pour expliquer ou illustrer des problèmes de mécanique, vous faites référence à un contexte codé « masculin ». Le lien implicite entre génie mécanique et passion de la moto est renforcé et les personnes ne partageant pas cette prédilection auront plus de difficulté à s’identifier au contenu de la discipline.
Cependant, il ne s’agit pas non plus de choisir des exemples qui font référence à des contextes typiquement « féminins », car cela contribuerait également à reproduire des stéréotypes. Afin d’éviter ce piège, il est important de varier les exemples et les contextes auxquels vous faites référence en illustrant vos contenus. C’est ainsi que vous tenez compte de la diversité des expériences, des motivations et des intérêts de votre public. Cela permet à chacune et chacun de faire le lien avec ses savoirs préalables et de relier les nouveaux contenus aux structures cognitives préexistantes.

La visibilité des femmes en tant qu’expertes
Un autre aspect de la dimension de genre se manifeste par rapport aux œuvres de référence dans votre discipline. Il est probable que l’inégalité entre femmes et hommes en terme d’influence et de reconnaissance s’y reflète. Dans la plupart des disciplines, les auteurs masculins dominent, ce qui n’est pas uniquement dû au fait que les contributions de femmes n’existent pas. Il est aujourd’hui établi que les ouvrages scientifiques des femmes sont moins souvent cités et qu’on y fait moins souvent référence qu’à ceux de leurs collègues masculins (cf. European Commission 2004).
Vos choix bibliographiques montrent quelles sont les thématiques, personnalités et contributions que vous considérez essentielles dans votre discipline. Veillez autant que possible à inclure des publications et des contributions scientifiques de femmes dans votre enseignement. Cela concourt à rendre visibles les femmes en tant qu’expertes et scientifiques et cela encourage les étudiantes dans leurs ambitions de carrière. 

Bibliographie 
European Commission (2004): Gender and Excellence in the Making. Brussels, Directorate-General for Research.


É

Évaluation de son propre enseignement / Approche explicite

Un regard extérieur
La pratique sociale – et donc la pratique de l’enseignement – est souvent sous-tendue par des représentations et des routines de communication inconscientes en ce qui concerne le genre ; un regard extérieur est donc particulièrement utile pour s’en rendre compte. Si vous adoptez une approche explicite par rapport à l’évaluation de votre propre enseignement, vous avez deux possibilités pour faire intervenir un regard extérieur sur votre enseignement:
1. L’évaluation par des pair-e-s offre la possibilité de faire observer son enseignement par un ou une collègue en fixant d’avance les aspects sur lesquels vous désirez un retour. Les différentes dimensions traitées dans cet instrument d’autoévaluation peuvent faire l’objet d’une observation (communication, contenus, méthodes, interactions, etc.). Les grilles d’observations proposées dans cet instrument peuvent tout aussi bien être utilisées dans le cadre de l’évaluation par des pair-e-s. Ce dispositif peut d’ailleurs prévoir des visites réciproques.
2. Les communautés de pratiques sont en général proposées par les centres de didactique universitaire et animées par un-e professionnel-le. Axées sur une thématique particulière, les communautés de pratique permettent aux participant-e-s de présenter à tour de rôle un aspect de leur pratique de l’enseignement qu’ils ou elles désirent développer. S’il n’existe pas d’offre portant sur le genre dans l’enseignement dans votre institution, faites savoir aux responsables que vous aimeriez en profiter. 

Les critères d'évaluation des étudiant-e-s
Finalement, l’approche explicite par rapport à l’évaluation de votre enseignement touche également à l’évaluation de l’enseignement par les étudiant-e-s. Non seulement vous communiquez les résultats de l’évaluation de votre enseignement à vos étudiant-e-s (cf. évaluation de son propre enseignement – approche implicite), mais si vous constatez des différences dans l’appréciation des étudiantes et des étudiants, vous abordez cette thématique. Vous pouvez notamment inviter vos étudiant-e-s à expliciter leurs critères d’évaluation de l’enseignement et engager une discussion sur ce qui constitue à leurs yeux les caractéristiques d'un bon enseignement. 


Évaluation de son propre enseignement / Approche implicite

Prendre en compte l’évaluation de son enseignement par les étudiant-e-s est un moyen d’en améliorer la qualité. En général, l’évaluation officielle des enseignements d’une faculté par le service correspondant des hautes écoles ne se fait pas chaque année. Dans la plupart des cas, vous avez cependant la possibilité de demander que vos cours ou séminaires soient évalués si vous le souhaitez. Indépendamment de l’évaluation officielle, il est utile et recommandé de demander un retour aux personnes participant à vos enseignements et de les inviter à en discuter.

Les retours des étudiantes et des étudiants
Dans la perspective d’un enseignement sensible au genre, il est particulièrement intéressant d’examiner séparément les retours des étudiants et des étudiantes que ce soit dans le contexte de l’évaluation officielle ou du feedback que vous demandez à vos étudiant-e-s au cours de vos enseignements. En effet, ces retours peuvent vous indiquer si votre enseignement s’adresse autant aux étudiantes qu’aux étudiants et s’il y a des différences d’intérêt, de motivation ou dans la manière de se situer par rapport aux contenus proposés ou aux méthodes pédagogiques utilisées. Dans un deuxième temps, vous pourrez aborder explicitement ces thèmes avec vos étudiant-e-s (cf. évaluation de son propre enseignement – approche explicite). 

L'appréciation des prestations des enseignantes et des enseignants
Une perspective genre sur l’évaluation de l’enseignement supérieur comporte un second aspect qui concerne plus particulièrement la personne de l’enseignant-e. La capacité des étudiant-e-s à évaluer les enseignements est remise en cause par certain-e-s. Si les instruments utilisés peuvent, en général, être considérés comme valides, certains facteurs peuvent toutefois en biaiser les résultats. La recherche sur l’évaluation de l’enseignement montre que la dimension de genre peut entrer en ligne de compte. En effet, les prestations des femmes enseignantes peuvent être significativement moins bien évaluées que celles de leurs collègues masculins, et ceci même quand on contrôle le statut des enseignant-e-s. Ceci montre que les étudiant-e-s peuvent également être sujet à des stéréotypes de genre en évaluant les enseignements. Les résultats de recherche à ce sujet ne sont toutefois pas homogènes. 


Évaluation des apprentissages des étudiant-e-s / Approche explicite

Si vous adoptez l’approche explicite, vous pouvez aussi évaluer les apprentissages de vos étudiant-e-s par rapport aux compétences genre acquises dans vos enseignements. Ceci implique de communiquer à vos étudiant-e-s que l’acquisition de compétences genre constitue un objectif d’apprentissage et de préciser quels sont les aspects qui vont être abordés dans chacun de vos enseignements. Les étudiant-e-s doivent savoir quels aspects de leurs apprentissages vont être évalués et quels critères vous allez appliquer.

L’évaluation des apprentissages des étudiant-e-s peut toucher aux différents aspects développés dans l’approche explicite. Le choix des aspects que vous allez évaluer dépend de votre enseignement et de votre discipline. Dans tous les cas, il s’agit de soutenir le développement de compétences genre chez vos étudiant-e-s. Les aspects suivants peuvent être abordés dans pratiquement toutes les disciplines et les compétences correspondantes peuvent donc être évaluées :

  • Si vous prenez en compte l’usage du langage épicène dans l’évaluation des apprentissages, les étudiant-e-s vont développer des compétences sociales et de communication sensible au genre.
  • Si vous mettez l’accent sur la sensibilité au genre dans les représentations iconographiques en évaluant les apprentissages, vos étudiant-e-s développeront leurs compétences de réflexivité par rapport aux rôles genrés (souvent implicites).
  • Si l’intégration de la dimension de genre dans les contenus disciplinaires constitue un critère d’évaluation, les savoirs disciplinaires et les compétences méthodologiques des étudiant-e-s par rapport au genre seront développées.
  • En évaluant la capacité de vos étudiant-e-s à identifier les aspects de genre dans le contexte disciplinaire et professionnel, vous encouragez le développement de leurs compétences méthodologiques et réflexives.
  • En prenant en compte la sensibilité au genre dans la gestion des travaux de groupe vous favorisez le développement de compétences relationnelles chez vos étudiant-e-s.


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